Droit à l’avenir vs droit au mépris ?

Depuis quelques jours, l’entrée fracassante des lycéens dans le mouvement de protestation contre les retraites semble avoir pris tout le monde par surprise.

La droite hurle à la manipulation, mais sur le terrain, il suffit de voir le caractère spontanée des rassemblements pour constater que c’est bien de leur propre initiative que les lycéens se sont mobilisés. Pour tout dire, je pense même que les déclarations d’un certain nombre de dirigeants et parlementaires de la majorité ont plus contribué à faire sortir les lycéens dans la rue et radicaliser le mouvement qu’autre chose.

Le plus surprenant vient de certains commentaires déniant aux lycéens le droit de s’intéresser au débat sur les retraites. C’est une erreur grave d’analyse qui montre à quel point certains dirigeants, journalistes (ou plutôt chroniqueurs doit-on dire maintenant) sont aujourd’hui plus conservateurs qu’hier. En fait, plutôt que de débattre de l’abaissement de l’âge de la majorité pénale, peut être certains veulent-ils repousser l’âge de la majorité à 21 ans, car s’ils ne sont pas capable de s’intéresser à 16, 17  ans à la question des retraites, pourquoi leur laisser le droit de vote à 18 !

Cette semaine, tout comme lors du mouvement sur le CPE, mais aussi comme en 1995 quand j’étais moi-même lycéen et que je manifestais contre le plan Juppé, la principale revendication est celle du droit à l’avenir.

Rama Yade se trompe en opposant les générations, certains députés UMP font preuve de mépris  en dénonçant, comme seul commentaire suite aux manifestations de jeudi et vendredi, les « bandes de casseurs, de voyous ou de gauchistes extrémistes » pour citer un twitt du député de la Marne Arnaud Robinet. On pourrait attendre autre chose d’un parlementaire qu’un commentaire digne d’un militant de l’UNI…

En tout cas depuis quelques jours les lycéens nous prouvent qu’ils utilisent un de leurs droits les plus précieux, celui à l’émancipation.

Je vais de ce pas rejoindre le cortège de la manifestation devant la Maison des syndicats, et j’espère que les lycéens, les jeunes en général, seront plus nombreux que samedi dernier à Reims.